Une jeune femme voilée, portant le hijab, voile couvrant uniquement la tête, est sortie d’une Autolib, à quelques pas de moi. D’un geste, elle a salué légèrement la personne qui la conduisait, avant de s’éloigner. Comme elle partait, j’ai pu lire le slogan d’Autolib, étalé sur les portières : “libre comme l’air”. Cette coïncidence m’a interpelé. En France, on a plutôt coutume de lire ou d’entendre que le voile est une prison pour les femmes. Des personnes bien intentionnées s’insurgent, poussent des cris d’orfraie, et leur indignation retombe aussi vite qu’elle s’est levée. Pour ma part, je considère qu’il faut garder de la mesure. Je n’ai pas de mal à imaginer qu’une femme puisse être libre dans sa tête, tout en étant voilée. Je ne parle pas des voiles intégraux, souvent noirs, qui transforment les femmes en ombres. Mais que le hijab, parfois très joli et féminin au demeurant, puisse être l’expression d’une liberté, je le conçois. Etre libre ne consiste pas à vivre sans foi ni loi : une telle vie est au contraire la certitude d’être aliéné aux circonstances du temps, aux modes, au capitalisme et à la société de consommations dévorants.
En regardant le fin tissu qui couvrait les cheveux de cette jeune femme dynamique et gaie, je me suis dit que oui, elle pouvait être voilée et libre comme l’air.
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